Darknet
chapitre 6- Noirceurs
Les espaces interlopes ont fait la notoriété du Darknet. Lieu de toutes les déviances, le souffre serait au cœur de ce paradis des criminels et autres escrocs. Des marchés noirs aux forums haineux, en passant par la plus horrible des littératures, certains lieux y sont effectivement effrayants. Ce n’est là qu’une petite partie du Darknet, mais elle existe, elle est dynamique et elle attire.
1 Marchés noirs
La déviance est
consubstantielle aux corps sociaux et, de tout temps, fripouilles et
autres crapules ont su s’allier la technologie. Les réseaux
informatiques n’y ont pas échappé, le trafic y a devancé le commerce.
« En 1971 ou 1972, des étudiants utilisant des comptes ARPANET du
laboratoire d’intelligence artificielle de l’université de Stanford
ont engagé des transactions commerciales avec leurs homologues du MIT.
Avant Amazon, avant eBay, l’acte fondateur du commerce électronique a
été un trafic de drogue. Les étudiants ont utilisé le réseau pour
organiser tranquillement la vente d’une quantité indéterminée de
marijuana [Markoff, 2001]. »
Depuis, on a changé d’échelle. L’arrivée du web, puis celle des outils de navigation anonyme et des Bitcoins ont permis l’émergence de supermarchés illégaux opérant au niveau planétaire, dont, même disparu, Silk Road reste l’incarnation ultime.
Silk Road a ouvert ses portes en 2011. Le principe était extrêmement simple : devenir une plate-forme de mise en relation des vendeurs et acheteurs de stupéfiants. À l’instar de la Marketplace d’Amazon, chacun pouvait proposer ses produits à la vente, le site prenant une commission sur les opérations. Très professionnel (figure 5.1), il fonctionnait comme n’importe quel prestataire de vente en ligne avec ses promotions, ses commentaires clients et naturellement son système d’évaluation des « commerçants. »
[...]
La fin de Silk Road ne fut naturellement qu’un avatar et il existe aujourd’hui, une multitude de places de marché qui proposent des produits et services très variés. Avec plus de 10.000 offres différentes, l’exemple ci-dessous (figure 5.3 page suivante) montre que l’arrêt de Silk Road a ouvert la voie à d’autres. Une étude de 2015 a clairement confirmé que les marchés noirs sont extrêmement résilients et que l’arrêt de l’un ou l’autre est rapidement compensé par des transferts ou de nouvelles ouvertures [Soska et Christin, 2015].
L’offre illégale ne se limite pas aux stupéfiants. On peut trouver des armes à feu (figure 5.4 page suivante), de la fausse monnaie (figure 5.5 page 119) ou de faux papiers (figure 5.6 page 119), mais aussi les habituels produits électroniques « tombés du camion, » à tel point d’ailleurs que les grandes marques ont des sites dédiés. Ceux qui souhaitent une nouvelle vie pourront s’y procurer un assortiment de faux papiers, commercialisé comme « kit de changement d’identité. » On peut aussi louer les services d’un pirate (figure 5.7 page 120) ou acheter des « kits de piratage » utilisables sans connaissance technique, pour le plus grand bonheur des conjoint(e)s jaloux(ses). Pour quelques dizaines d’euros, ils pourront suivre les appels de leur partenaire, lire leurs textos, éventuellement écouter leurs communications, voire déclencher le micro à distance afin d’écouter ce qu’il se passe alentour.
[...]
Depuis, on a changé d’échelle. L’arrivée du web, puis celle des outils de navigation anonyme et des Bitcoins ont permis l’émergence de supermarchés illégaux opérant au niveau planétaire, dont, même disparu, Silk Road reste l’incarnation ultime.
Silk Road a ouvert ses portes en 2011. Le principe était extrêmement simple : devenir une plate-forme de mise en relation des vendeurs et acheteurs de stupéfiants. À l’instar de la Marketplace d’Amazon, chacun pouvait proposer ses produits à la vente, le site prenant une commission sur les opérations. Très professionnel (figure 5.1), il fonctionnait comme n’importe quel prestataire de vente en ligne avec ses promotions, ses commentaires clients et naturellement son système d’évaluation des « commerçants. »
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La fin de Silk Road ne fut naturellement qu’un avatar et il existe aujourd’hui, une multitude de places de marché qui proposent des produits et services très variés. Avec plus de 10.000 offres différentes, l’exemple ci-dessous (figure 5.3 page suivante) montre que l’arrêt de Silk Road a ouvert la voie à d’autres. Une étude de 2015 a clairement confirmé que les marchés noirs sont extrêmement résilients et que l’arrêt de l’un ou l’autre est rapidement compensé par des transferts ou de nouvelles ouvertures [Soska et Christin, 2015].
L’offre illégale ne se limite pas aux stupéfiants. On peut trouver des armes à feu (figure 5.4 page suivante), de la fausse monnaie (figure 5.5 page 119) ou de faux papiers (figure 5.6 page 119), mais aussi les habituels produits électroniques « tombés du camion, » à tel point d’ailleurs que les grandes marques ont des sites dédiés. Ceux qui souhaitent une nouvelle vie pourront s’y procurer un assortiment de faux papiers, commercialisé comme « kit de changement d’identité. » On peut aussi louer les services d’un pirate (figure 5.7 page 120) ou acheter des « kits de piratage » utilisables sans connaissance technique, pour le plus grand bonheur des conjoint(e)s jaloux(ses). Pour quelques dizaines d’euros, ils pourront suivre les appels de leur partenaire, lire leurs textos, éventuellement écouter leurs communications, voire déclencher le micro à distance afin d’écouter ce qu’il se passe alentour.
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Ressources bibliographiques
Christin, N. (2013). Traveling the Silk Road: A Measurement Analysis of a Large Anonymous Online Marketplace. In Proceedings of the 22Nd International Conference on World Wide Web, WWW ’13, pages 213–224, Republic and Canton of Geneva, Switzerland. International World Wide Web Conferences Steering Committee. |
Guitton, C. (2013). A review of
the available content on Tor hidden services: The case
against further development. Computers in Human Behavior,
(29):2805–2813.
|
Markoff, J. (2006). What the Dormouse Said: How the Sixties Counterculture Shaped the Personal Computer Industry. Penguin Books. |
Soska, K. and Christin, N. (2015). Measuring the Longitudinal Evolution of the Online Anonymous Marketplace Ecosystem. In Proceedings of the 22nd USENIX Security Symposium, pages 33–48. |
Ressources web
Marché
noir et Arpanet |
L'acte
d'accusation de Ross Ulbricht |
!Mediengruppe Bitnik |